L’adaptation extraordinaire d’un arbuste du désert à la chaleur extrême

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La chaleur torride du parc national de la Vallée de la Mort constitue un formidable défi pour la plupart des formes de vie. Les températures dépassent régulièrement les 50 degrés Celsius (122 degrés Fahrenheit), poussant de nombreuses plantes du désert à la simple survie. Pourtant, la douce au miel d’Arizona (Tidestromia oblongifolia) non seulement survit mais prospère dans cet environnement extrême, présentant un éventail d’adaptations remarquables qui lui permettent de s’épanouir là où d’autres échouent.

Cet arbuste rustique a un talent unique : il effectue la photosynthèse le plus efficacement à une température torride de 117 degrés Fahrenheit (47 degrés Celsius), la température la plus élevée connue pour une activité photosynthétique maximale parmi toutes les plantes. Karine Prado, biologiste végétale de l’Université d’État du Michigan, note : « Ces plantes semblent presque attendre le mois le plus chaud pour pousser rapidement. »

Pour percer les secrets de cette résilience thermique, Prado et ses collègues ont cultivé des plants de T. oblongifolia de Furnace Creek dans la Vallée de la Mort dans deux conditions de température : une température modérée de 89 degrés Fahrenheit (31 degrés Celsius) et une température torride de 117 degrés Fahrenheit (47 degrés Celsius), imitant les températures estivales typiques à Furnace Creek.

Les résultats ont été frappants. En seulement deux jours d’exposition à la chaleur extrême, les plantes avaient déjà augmenté leur taux de photosynthèse. Au cours des huit jours suivants, ils ont triplé par rapport à leurs homologues dans des conditions plus douces. Cette poussée de croissance spectaculaire souligne à quel point cette plante est particulièrement adaptée pour utiliser la chaleur extrême à son profit.

Au microscope, les chercheurs ont découvert un changement physiologique fascinant : la forme des chloroplastes de T. oblongifolia, de minuscules structures responsables de la conversion de la lumière et du dioxyde de carbone en énergie, s’est radicalement transformée. Dans la plupart des plantes, les températures élevées endommagent ces chloroplastes en forme de disque, mais dans cet arbuste du désert, ils sont restés intacts sous une chaleur extrême.

Remarquablement, un groupe spécifique de cellules foliaires spécialisées dans la conversion du dioxyde de carbone en sucre a fait preuve d’une adaptation sans précédent : leurs chloroplastes ont pris la forme d’une coupe. Une telle configuration est généralement observée chez les algues, ce qui rend cette plante apparemment unique parmi les plantes terrestres à transformer ses chloroplastes en forme de disque ou de coupe en fonction des conditions.

Prado émet l’hypothèse que ce changement de forme unique pourrait améliorer la capacité de la plante à piéger plus efficacement le dioxyde de carbone sous des températures torrides. L’équipe a également observé d’autres mécanismes de défense thermique couramment utilisés par les plantes : le rétrécissement des feuilles et des cellules, l’activation de gènes de réparation des dommages et la modification d’une enzyme essentielle de la photosynthèse.

Cette recherche souligne que survivre à une chaleur extrême ne consiste pas simplement à ajuster quelques gènes ou protéines ; cela nécessite une symphonie complexe d’adaptations travaillant de concert. Le miel d’Arizona offre un aperçu captivant des stratégies ingénieuses que la vie emploie pour vaincre des défis environnementaux apparemment insurmontables.