Une plante du désert s’adapte à la chaleur extrême en recâblant ses cellules

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Un arbuste trouvé dans la Vallée de la Mort, l’un des endroits les plus chauds de la planète, a révélé une stratégie de survie remarquable : il réorganise physiquement ses structures internes pour prospérer à des températures qui tueraient la plupart des plantes. La plante, Tidestromia oblongifolia, ne supporte pas seulement la chaleur extrême ; il s’adapte activement, offrant des indices potentiels pour concevoir des cultures résistantes à la chaleur à mesure que les températures mondiales augmentent.

Le défi de la chaleur extrême

La Vallée de la Mort dépasse régulièrement les 49°C en été, présentant un environnement brutal pour la vie végétale. Alors que la plupart des espèces dépérissent dans de telles conditions, T. oblongifolia s’épanouit. Cette résilience a longtemps intrigué les scientifiques, mais une nouvelle étude publiée le 17 novembre dans Current Biology met en lumière les mécanismes de la plante.

Restructuration interne pour la survie

Les chercheurs ont découvert que T. oblongifolia réagit à la chaleur extrême en effectuant plusieurs changements physiologiques clés en seulement deux jours d’exposition. Premièrement, il produit des feuilles plus petites. Plus important encore, la plante augmente son efficacité photosynthétique en augmentant le nombre de mitochondries – les « centrales électriques » de la cellule – et en les repositionnant plus près des chloroplastes (où a lieu la photosynthèse).

Les chloroplastes eux-mêmes subissent une transformation surprenante, passant d’une forme ovale à une forme en forme de coupe, une caractéristique auparavant observée uniquement chez les algues. On pense que ce changement structurel améliore la photosynthèse, bien que le mécanisme précis reste inconnu.

Recâblage génétique et boost métabolique

Au-delà de la restructuration physique, T. oblongifolia recâble activement son transcriptome (le script cellulaire qui détermine quels gènes sont utilisés). Les gènes liés à la réponse thermique et à la réparation cellulaire deviennent très actifs, ce qui indique que la plante ne se contente pas de tolérer le stress, mais qu’elle le combat activement. Dix jours après son exposition aux conditions de la Vallée de la Mort, l’arbuste a triplé sa biomasse.

Implications pour la sécurité alimentaire

Alors que le changement climatique entraîne des vagues de chaleur plus fréquentes et plus intenses, les rendements agricoles diminuent dans le monde entier, menaçant la sécurité alimentaire. Comprendre comment T. oblongifolia survit pourrait fournir une feuille de route pour la conception de cultures résistantes à la chaleur. Les experts s’accordent à dire que les adaptations de cette plante offrent un avantage crucial dans un monde qui se réchauffe.

“Comprendre leurs adaptations pourrait aider les chercheurs à concevoir des cultures, des environnements et des stratégies de gestion pour améliorer la croissance dans des températures élevées de plus en plus fréquentes et prolongées”, explique Seung Rhee, biologiste végétal à la Michigan State University.

Un potentiel caché dans des endroits inattendus

Cette découverte souligne que les solutions aux défis mondiaux pourraient résider dans des organismes négligés. Comme l’a noté un écologiste, T. oblongifolia est « une chose vraiment bizarre qu’on pourrait tout simplement ignorer », et pourtant elle recèle des secrets qui pourraient améliorer la résilience des cultures non seulement pour l’avenir mais aussi pour les régions déjà confrontées à l’insécurité alimentaire.

La prochaine étape pour les chercheurs consistera à identifier les gènes spécifiques à l’origine de cette résilience remarquable, ouvrant potentiellement la voie à de nouvelles façons de protéger les cultures contre les effets croissants du changement climatique.